The electric kiss

Compétition expérimentale 2025

Ce qui pouvait autrefois sembler novateur, voire pittoresque, dans les œuvres vidéo générées algorithmiquement de Rainer Kohlberger, apparaît aujourd’hui – à l’ère de la réalité augmentée, de la production automatisée d’images et de l’intelligence artificielle conviviale – comme étrangement visionnaire. Il est donc logique qu’avec The Electric Kiss, Kohlberger tente d’aborder notre époque en revenant vers le futur.

Dans ce deuxième film de Kohlberger pouvant être considéré comme axé sur la narration, l’artiste façonne une fiction dystopique à partir des vestiges du cinéma du passé. S’appuyant sur des extraits de films de science-fiction méconnus, The Electric Kiss imagine un monde pas si différent du nôtre, où les individus connectent leur cerveau à une sorte de neuro-réseau reliant l’ensemble de la conscience humaine. Tandis que des images cyberpunk teintées de textures VHS alternent avec des passages de bruit visuel prismatique (réalisés, dans son style caractéristique, en traitant des séquences via des algorithmes d’apprentissage automatique qu’il a entraînés lui-même), une quasi-intrigue émerge : un homme portant un casque de réalité virtuelle, littéralement et figurativement perdu dans l’espace, se soumet à une mystérieuse procédure pour atténuer les effets néfastes de cette nouvelle technologie sur l’esprit.

Alors que des cinéastes moins habiles peinent encore à explorer maladroitement les réseaux sociaux et les thèmes d’interconnexion, Kohlberger non seulement interroge la manière dont les images s’interfacent avec les notions de vérité et les influencent, mais il engage également les technologies à l’origine de ces développements pour faciliter de nouvelles possibilités narratives. Celles-ci permettent, à leur tour, de dresser un portrait plus clair de notre époque. En d’autres termes, pour reprendre une réplique du film : « OK, c’est de la fiction, mais elle vous rapproche de la réalité. »